Sylvain Gérard

Artiste contemporain, fusain, dessins, pastels, aquarelles, peinture

Texte Alain Paire

De l’humour, de la tendresse, de la rage, de la colère et de l’énergie. Je me rappelle l’avoir vu gravir avec beaucoup d’aisance et de robustesse la pente du Cours Julien. Je me souviens de la façon qu’il avait de se pencher. Je pense à  son sourire et à  sa manière de réfléchir, quand une parole ou bien un souvenir le touchaient particulièrement.

Dans son studio-atelier du Grand Domaine, sa chaise faisait des à -coups. Il virevoltait brusquement, ses mouvements étaient heureux. Sylvain s’affairait autour de sa table. Il préparait notre café avec beaucoup de gentillesse. Nous regardions les fusains que j’avais choisis pour l’exposition qui se déroula dans la galerie de la rue des Marseillais, en mars-avril 1995.

Sur une photographie de cette époque, j’aperçois Anne et Henri Sotta. Ils étaient venus pour acheter sans hésitation l’un de ses grands fusains. La grande harpe qui figurait sur l’affiche que nous avions composée est toujours présente dans un appartement d’Aix-en-Provence. Pour l’exposition des 19 ans de la galerie, à  Châteauneuf le Rouge, il y avait cet autre dessin que j’appelle Le cosmonaute. Lorsque j’ai décidé qu’il serait présent dans cette exposition, j’en ai parlé au téléphone avec Dominique Cerf . Nous ne pouvions pas imaginer que la fin de Sylvain approcherait à  ce point soudainement, quelques jours plus tard.

Je n’avais presque plus de signe de Sylvain depuis qu’il était reparti pour vivre à  Besançon. J’ai relu deux textes que j’avais autrefois écrits à  propos de son travail. Le premier s’intitulait Chronique d’une légende annoncée, le second avait pour titre L’énigme de l’arrivée. Je reste muet, ces deux textes ne peuvent rien dire quant à son départ définitif, je ne peux pas les réinsérer ici. Par contre, j’aime beaucoup la grande page de la revue pour lequel Jean-Jacques Ceccarelli l’avait autrefois convié. Il Giocatore, cela signifie « Le joueur déchiré ».

Alain Paire, mars 2014.