Sylvain Gérard

Artiste contemporain, fusain, dessins, pastels, aquarelles, peinture

Préface

Je tiens à témoigner de l’importance du travail artistique de mon ami Sylvain Gérard.

Je remercie particulièrement mon amie Frédérique Guétat-Liviani pour cette publication, ainsi que les éditions Fidel AnthelmeX. Frédérique était également son amie, cette publication en est le témoignage et permet à ceux qui ont soutenu et aimé le travail de Sylvain, de lui rendre un dernier hommage.
A l’occasion de la sortie du « Faune assis à la petite chaise », Bernard Plasse exposera quelques dessins de Sylvain à la Galerie du tableau à Marseille. Je tiens à remercier chaleureusement Bernard Plasse pour cette exposition et son concours, ainsi que Jean-Pierre Ostende, Annie Rosès, François Bazzoli, Alain Paire, Jean-Pierre Alis et Jean-Jacques Viton qui ont participé à l’ouvrage .Bien qu’il ait choisi de nous quitter prématurément, Sylvain était du côté du plaisir, de la vie et de la pensée. C’est la difficulté de sa situation, due à l’évolution insupportable de son infirmité, qui l’a conduit à quitter notre monde. Sylvain a choisi de me transmettre son œuvre. C’est donc en tant que légataire, avec tout ce que cela peut signifier, que je ferai  mon possible, pour que son travail ne soit pas oublié. Ultérieurement, je souhaite que son travail puisse être exposé institutionnellement, comme il se doit, afin que le public découvre son monde, si particulier et si riche.

Le travail de Sylvain Gérard est un travail qui se place à la jonction de plusieurs orientations, à la fois singulier, abstrait, travail abondant de nombreuses références littéraires. Il avait avant tout, une culture classique, qui le portait du côté de Pieter Brueghel,  Piranese, Antoine Van Dyck, Francisco de Goya, Pablo Picasso, Chaïm Soutine … Plus proches dans le temps,  il aimait Nicolas de Staël, Francis Bacon et Jean-Michel Basquiat. Tout cela se tient, il aimait les corps, l’anatomie, les femmes. Il savait travailler d’une manière traditionnelle avec différents modèles, des jeunes femmes qu’il a également photographiées, des séries de photographies très belles, avec des poses et des mouvements spécifiques, qui enrichissaient son travail sans avoir pour finalité d’être montrées.

Sa bibliothèque était composée essentiellement d’écrits sur l’Art et d’écrits politiques liés au corps et à la place du corps infirme dans la société. Le thème de la longue errance, du vagabondage l’intéressait particulièrement, lui qui se déplaçait sur cette machine qui était son fauteuil roulant, comme vissé à son corps. Avec sa main, plus vivante que le bas de ce corps corseté dans son fauteuil, comme échappée, il accédait à cette création essentielle qui faisait la force de sa vie.
Il créait un monde nouveau, le sien, et pouvait ainsi mieux appréhender l’autre. Avant tout, il était humain, voyageur, penseur. Il restait en mouvement. Il jouait de la guitare électrique Rock, Hard-Rock.Ces dernières années, après tous ces travaux aux fusains, en noir et blanc, il a réalisé des dessins d’une grande qualité, avec des craies de couleur et des pastels gras, des tons à la fois francs et délicats .

Lorsque le dessin est devenu beaucoup trop difficile, pour réaliser de grands formats, il a fait de très beaux collages abstraits dans des tons de bleu psychédélique, proches dans la façon de faire d’Henri Matisse. Sylvain n’était pas seulement un excellent dessinateur accompagné d’une personnalité hors-norme, son univers était remarquable, sensible et authentique.

C’est bien la finesse de son regard et la facture de ses dessins qui font Oeuvre.

Dominique Cerf.